Il y a des silences qui pèsent lourd, des regards qui blessent plus que des mots, des gestes qui effraient au lieu de rassurer. Derrière les murs d’un foyer, là où l’on s’attend à trouver de la sécurité et de l’amour, il arrive que s’installe la peur, la douleur, l’humiliation.
En tant que psychothérapeute spécialisée dans la relation de couple depuis plus de 15 ans, j’ai accompagné de nombreuses personnes confrontées à la violence conjugale — des femmes et des hommes, souvent perdus entre amour, culpabilité, espoir et désillusion. Ce sujet n’est jamais simple à aborder, ni pour ceux qui le vivent, ni pour ceux qui les entourent.
Mais briser le silence est la première étape vers une reconstruction possible. Il ne s’agit pas ici de juger, ni d’excuser, mais de comprendre. Comprendre les mécanismes de la violence dans le couple, ses formes parfois invisibles, ses conséquences dévastatrices, et surtout : les chemins qui existent pour en sortir.
À travers cet article, je souhaite vous offrir un regard éclairé, professionnel mais profondément humain, pour mieux saisir ce que sont les violences conjugales et explorer comment la thérapie de couple peut, dans certains cas, participer à la réparation, à condition qu’elle soit menée avec rigueur, prudence et une attention absolue à la sécurité de chacun.
Si vous êtes concerné(e), ou si vous vous posez des questions sur ce que vous vivez, sachez que vous n’êtes pas seul(e). Il existe des ressources, des professionnels, des espaces où l’on peut enfin poser les mots, être entendu(e), et envisager un avenir différent.
Comprendre la violence conjugale, c’est déjà poser un premier acte fort. Trop souvent minimisée, justifiée ou banalisée, elle s’insinue progressivement dans la relation et devient un piège dont il est difficile de sortir. Pourtant, mettre des mots sur ce que l’on vit permet de reprendre du pouvoir sur sa vie et de commencer un chemin de reconstruction.
La violence conjugale ne se limite pas aux coups. Elle peut prendre plusieurs formes, toutes aussi destructrices sur le plan émotionnel, psychologique et parfois même physique. Il peut s’agir de :
Violence verbale : insultes, hurlements, moqueries, humiliations.
Violence psychologique : manipulation, chantage affectif, isolement social, dévalorisation systématique.
Violence physique : coups, bousculades, agressions corporelles.
Violence sexuelle : rapports forcés ou non consentis dans le couple.
Violence économique : contrôle de l'argent, interdiction de travailler, privation de ressources.
Ces violences peuvent être ponctuelles ou s’inscrire dans une dynamique répétitive et insidieuse, parfois invisible pour l’extérieur.
L’un des pièges les plus fréquents dans les situations de violence conjugale est le cycle de la violence, souvent composé de trois phases :
La tension monte : tout devient sujet à conflit, l’autre devient imprévisible, tendu, susceptible.
L’explosion : une crise éclate, violente verbalement, psychologiquement, parfois physiquement.
La lune de miel : après l’explosion, l’auteur de la violence s’excuse, promet de changer, redevient tendre… jusqu’au prochain épisode.
Ce cycle entretient une confusion et une culpabilité extrêmes chez la victime, qui alterne entre peur, espoir et doute. Il est important de comprendre que ce cycle est un schéma toxique, non une preuve d’amour.
La violence conjugale ne touche pas uniquement certaines catégories sociales ou culturelles. Elle peut concerner tous les couples, hétérosexuels ou homosexuels, jeunes ou plus âgés, quel que soit le niveau d’éducation ou le statut professionnel. La souffrance n’a pas de profil type.
De nombreuses personnes restent dans une relation violente parce qu’elles espèrent un changement, parce qu’elles aiment encore, ou parce qu’elles ont peur : peur de partir, peur d’être seul.e, peur de ne pas être cru.e. Ces peurs sont réelles et légitimes, mais elles ne doivent pas empêcher de demander de l’aide.
Tous les couples traversent des conflits, c’est normal et même parfois sain. Mais la violence conjugale n’est pas un conflit. Le conflit suppose un rapport d’égal à égal, une discussion où chacun peut exprimer ses besoins. La violence, elle, repose sur la domination, la peur et le contrôle. Il n'y a plus d'équilibre, il y a emprise.
Dans les situations de violences conjugales, il est primordial d’agir avec la plus grande prudence. Contrairement aux conflits habituels dans le couple, la violence conjugale n’est pas un désaccord relationnel à résoudre ensemble. Il s’agit d’une dynamique de domination et de contrôle, souvent ancrée dans un déséquilibre profond de pouvoir entre les partenaires. Dès lors, la question de l’indication d’une thérapie de couple doit être posée avec rigueur et discernement.
Avant toute proposition de travail thérapeutique à deux, la priorité absolue est de protéger la personne victime. Tant que l’un des partenaires est en danger physique, psychologique, économique ou sexuel, une thérapie de couple n’est pas adaptée. En tant que thérapeute expérimentée, je veille à évaluer cette dimension dès les premières séances, à travers des entretiens individuels si nécessaire, pour assurer un espace sécurisé et éviter de réexposer la victime à la violence.
Il est essentiel de comprendre que proposer une thérapie de couple trop tôt peut créer un faux sentiment d’égalité entre les partenaires, minimiser la gravité des faits, et parfois renforcer le contrôle de l’agresseur, même au sein du cabinet thérapeutique.
La thérapie de couple n’est envisageable que dans des cas bien précis, et sous certaines conditions strictes :
Lorsque les violences sont reconnues et stoppées : il ne peut y avoir de travail à deux que si l’auteur reconnaît pleinement ses actes, s’engage dans une démarche individuelle de responsabilisation, et que la situation de violence a cessé depuis un certain temps.
Si la victime se sent en sécurité et qu’elle est libre de s’exprimer sans peur de représailles.
Après un travail individuel de chaque partenaire : la thérapie de couple peut être envisagée dans un second temps, après que chacun ait bénéficié d’un accompagnement individuel, notamment pour comprendre les mécanismes en jeu (traumatismes, dépendance affective, reproduction transgénérationnelle, etc.).
Dans ces conditions, le travail en couple peut alors viser à :
Revenir sur les blessures causées
Reposer les bases d’une relation respectueuse
Reconstruire une forme de confiance, si tel est le souhait des deux partenaires
Cependant, cette démarche demande un cadre thérapeutique très rigoureux, avec des balises claires et une vigilance constante de la part du thérapeute.
Il est impératif de rappeler que la thérapie de couple ne doit jamais être un lieu de justification, de confrontation ou de marchandage émotionnel. Elle ne doit pas servir à excuser les violences ou à contraindre la victime à "comprendre" ou "pardonner" son partenaire. Dans mon cabinet, l’écoute bienveillante n’exclut jamais la fermeté, et je veille à poser un cadre éthique clair, où la dignité et la sécurité de chacun sont protégées.
Lorsqu’un couple traverse une situation de violence conjugale, le rôle du thérapeute ne peut en aucun cas se limiter à la médiation ou à la régulation du conflit. Il s’agit d’un travail complexe, sensible et éthique, où la posture professionnelle et l’expérience sont absolument essentielles.
Dès les premiers échanges, le thérapeute doit être en capacité de repérer les signes de violences, même lorsque celles-ci sont dissimulées, banalisées ou rationalisées par les partenaires. La violence conjugale peut prendre des formes multiples : physiques, verbales, psychologiques, sexuelles, économiques… Certaines sont visibles, d'autres beaucoup plus insidieuses.
Le thérapeute agit alors comme un révélateur bienveillant : il crée un espace sécurisé pour que la parole puisse émerger, sans jugement, mais avec une grande clarté sur les faits. Il ne s’agit pas de prendre parti, mais de reconnaître la réalité de ce qui est vécu, notamment par la personne victime.
Lorsque la violence est identifiée, la priorité absolue est la protection de la victime. Cela peut impliquer de :
Proposer des entretiens individuels afin d’évaluer la situation de manière plus fine.
Orienter vers des structures spécialisées (associations d’aide aux victimes, foyers, numéros d’urgence…).
Soutenir la victime dans ses démarches si elle souhaite se protéger, porter plainte ou partir.
Le thérapeute n’est pas seul dans cette mission : il travaille en lien avec un réseau de professionnels et adapte sa posture en fonction de l’urgence et de la gravité de la situation.
Il est crucial de le rappeler : la neutralité ne protège pas la victime. Dans le cadre des violences conjugales, la posture thérapeutique doit être clairement positionnée contre toute forme de violence, même si celle-ci est parfois minimisée par les deux partenaires ou déguisée sous des dynamiques relationnelles complexes.
Accompagner un couple dans un contexte de violence, ce n’est pas chercher des compromis ou répartir équitablement les torts. C’est nommer la violence pour ce qu’elle est, sans la confondre avec un simple conflit conjugal, et refuser tout discours qui justifierait l’injustifiable.
Le thérapeute peut également jouer un rôle crucial dans l’orientation et l’accompagnement individuel des deux partenaires. En effet :
La personne victime peut avoir besoin de soutien psychologique pour se reconstruire, sortir de l’emprise, retrouver une estime de soi mise à mal, comprendre les mécanismes de la dépendance affective.
L’auteur des violences, s’il est dans une démarche sincère de prise de conscience, peut également bénéficier d’un accompagnement spécifique pour comprendre ses comportements, déconstruire ses schémas, apprendre à gérer ses émotions autrement.
Dans ce contexte, la thérapie de couple n’est pas la première étape. Elle ne pourra être envisagée que dans un second temps, si les conditions sont réunies (prise de conscience, fin de la violence, cadre sécurisé…).
Enfin, il est essentiel de poser les limites du rôle thérapeutique. En tant que thérapeute, je ne suis ni juge, ni avocate, ni sauveuse. Mon rôle est d’accompagner, d’ouvrir des prises de conscience, de créer un cadre sécurisant et d’orienter au besoin, toujours dans le respect du rythme et de la liberté de chacun.
Accompagner des personnes touchées par les violences conjugales demande à la fois humanité, rigueur, expérience et lucidité. C’est un engagement profond que j’assume avec responsabilité, dans une posture éthique et protectrice.
Les violences conjugales ne sont pas des accidents du quotidien ni des disputes de couple un peu vives. Ce sont des dynamiques profondément destructrices qui abîment l’estime de soi, isolent, enferment, et parfois brisent durablement. Si vous vous reconnaissez dans certains exemples évoqués dans cet article, ou si vous ressentez un malaise persistant au sein de votre relation, je veux que vous sachiez ceci : vous n’êtes pas seul(e).
Mettre des mots sur ce que l’on vit, c’est déjà un premier pas. Chercher à comprendre, se questionner, lire cet article : ce sont des gestes de courage. Et parfois, ce courage mérite d’être soutenu, accompagné, entendu par une voix extérieure, bienveillante et formée.
En tant que psychothérapeute spécialisée en thérapie de couple, j’ai accompagné de nombreuses personnes prises dans des relations douloureuses, confuses, ou empreintes de violences. Mon rôle n’est pas de juger ni de décider à votre place, mais de vous aider à y voir clair, à retrouver votre pouvoir d’agir, et surtout, à faire de la place pour une relation plus juste – avec vous-même d’abord, puis éventuellement avec l’autre, si cela est possible et sain.
Si vous ressentez le besoin d’en parler dans un cadre confidentiel, respectueux et soutenant, je vous invite à prendre rendez-vous. Un premier échange peut tout changer.
Voici quelques structures vers lesquelles vous pouvez vous tourner si vous êtes en danger, ou si vous avez besoin de soutien immédiat :
3919 – Violences Femmes Info : numéro national, anonyme et gratuit, accessible 24h/24 et 7j/7. Il permet de parler à une professionnelle formée et d’être orienté(e).
La police ou la gendarmerie : en cas de danger immédiat, composez le 17 ou le 112.
Maison des femmes : présentes dans plusieurs villes, elles offrent un accompagnement global aux femmes victimes de violences (médical, juridique, psychologique).
CIDFF (Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles) : pour une aide juridique, sociale et psychologique.
Planning familial : pour parler, se faire accompagner, être écouté(e), sans jugement.
Associations locales : de nombreuses structures de proximité proposent un accompagnement adapté aux victimes (accueil de jour, groupes de parole, soutien psychologique…).
Si vous êtes auteur(e) de violences et souhaitez vous faire aider pour ne plus répéter ces comportements, des dispositifs d’accompagnement existent également. Vous pouvez contacter :
08 019 019 11 – le numéro d’écoute destiné aux auteurs de violences pour prévenir la récidive.
Des centres spécialisés pour les auteurs de violences conjugales, présents dans plusieurs régions.
Contactez-nous : 06 86 03 96 41 et myriam@atoutcouple.com
Sans engagement - Infos sur demande - Echanges bienvenus
CABINET DE PSYCHOTHERAPIE DE L'OUEST LYONNAIS |
4 Lotissement du Panorama, Chemin du Cantonniau | 69 530 Brignais
N°SIRET RCS de Lyon : 827 815 663 | Atout Couple | Myriam Bidaud Ksikes